Chapitre 1 : Une brève histoire des relations
internationales :
I- Qu’est-ce que les Relations Internationales (RI) ?
A- Définitions
Relations Internationales (RI) : Étude des interactions entre États, comprenant des
domaines comme la diplomatie, la défense, les alliances, les échanges économiques,
etc.
o Exemples : négociations bilatérales, accords de paix, alliances militaires.
Géopolitique : Analyse des relations internationales en tenant compte des éléments
géographiques, des ressources, des territoires, et des positions stratégiques.
o Exemple : tensions entre États pour le contrôle des ressources en Arctique ou
en mer de Chine méridionale.
Système international :
o Il n’existe pas de système international régulé : absence d’autorité mondiale
supérieure (pas de "gouvernement mondial") → anarchie internationale.
o Les rapports de force dominent : chaque acteur (principalement les États)
cherche à maximiser son pouvoir et son influence.
o Des règles existent : traités, conventions internationales, ONU, mais elles ne
sont pas toujours appliquées de manière contraignante.
Exemple : le mandat de la Cour pénale internationale (CPI) contre
Vladimir Poutine, qui n’a pas pu être appliqué faute de pouvoir
d’imposition sur la Russie.
o Exemples d’équilibres temporaires :
Congrès de Vienne (1815) : réorganisation de l’Europe après les
guerres napoléoniennes.
Guerre froide (1947-1991) : équilibre bipolaire entre les États-Unis et
l'URSS, basé sur la menace nucléaire et des blocs d'influence distincts.
B-Théories des Relations Internationales
1. Le Réalisme :
, o Nature conflictuelle du monde : Les relations internationales sont marquées
par la lutte pour le pouvoir et la survie des États.
o Objectif principal des États : assurer leur sécurité en développant
leur puissance (armée, économie, influence).
o Dissuasion nucléaire : la sécurité passe par la capacité à dissuader l'ennemi
d’attaquer.
o Exemple : La course à l'armement pendant la guerre froide, où les États-Unis
et l'URSS se sont affrontés principalement par la menace nucléaire.
2. Le Libéralisme :
o La coopération pour la paix : selon les libéraux, la paix peut être maintenue
par l’interdépendance, le commerce, les démocraties et les institutions
internationales.
o Institutions comme moyen de coopération : ONU, Union Européenne, OMC.
o Exemple : L'UE favorise la paix en Europe grâce à la coopération économique,
réduisant les risques de guerre entre les pays membres.
3. La Théorie Critique :
o Critique des concepts classiques : Les notions comme « intérêt national » ou
« ordre mondial » sont des constructions politiques et peuvent être utilisées
pour légitimer des rapports de domination.
o Les RI comme produit de discours : la manière dont les États et les
organisations internationales parlent des relations mondiales influence la
perception de ces relations.
o Exemple : Les récits de « guerre contre le terrorisme » après le 11 septembre
2001, qui ont justifié des interventions militaires sous des prétextes
idéologiques.
II- Des temps anciens à la guerre froide
A-Les débuts des Relations Internationales
Origine des Relations Internationales : Les premières formes de relations entre
souverains se sont manifestées par des échanges diplomatiques, des accords de paix,
et des alliances militaires.
o Exemple : Traités de paix après les guerres médiévales.
, Renaissance : Apparition des ambassades permanentes, marquant un tournant dans
la diplomatie moderne.
1492 : La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb marque
une mondialisation des relations internationales, avec l’expansion des puissances
européennes en Asie, Afrique et Amériques.
Révolution française : Rupture avec l'ordre monarchique traditionnel et naissance de
nouvelles alliances. La révolution crée un précédent en matière de souveraineté
populaire, influençant les relations internationales et les révolutions en Europe et au-
delà.
B- Des empires coloniaux à la guerre froide
Colonisation : L’Europe domine le monde, et les relations internationales sont
largement contrôlées par les puissances occidentales.
o Exemple : Le partage de l’Afrique lors de la Conférence de Berlin (1884-1885),
où les puissances européennes se sont partagées le continent.
1914-1945 : Guerres mondiales : Les guerres mondiales du XXe siècle marquent la fin
de la domination européenne et l’ascension de nouveaux acteurs sur la scène
internationale (États-Unis, URSS).
o 1914–1918 (1ère Guerre mondiale) : Chute des empires européens (Empire
Ottoman, Austro-Hongrois).
o 1939–1945 (2e Guerre mondiale) : Remise en question de l’ordre mondial,
utilisation de la bombe nucléaire, création de nouvelles superpuissances.
Après 1945 : L’émergence des superpuissances : les États-Unis et l'URSS deviennent
les principaux acteurs mondiaux.
o Guerre froide (1947–1991) : confrontation idéologique entre le capitalisme
(USA) et le communisme (URSS), sans affrontement direct mais par des
guerres par procuration (Corée, Vietnam, Afghanistan).
o Symboles de la guerre froide : Le Mur de Berlin (1961), qui divise Berlin en
deux, et la crise de Cuba(1962), point culminant de la confrontation.
Création de l’ONU en 1945 : Afin d’éviter de nouvelles guerres mondiales, l'ONU a été
créée, mais ses institutions restent figées et non représentatives des réalités du
monde contemporain.
o Exemple : Le Conseil de sécurité de l'ONU est dominé par les puissances du
Nord (USA, Russie, Chine), et ses décisions sont souvent influencées par les
intérêts de ces pays.
III – Le monde contemporain
, A-Illusions de paix et retour de la guerre
1. La fin de la Guerre froide et les attentes globales
Avec la disparition de l’URSS en 1991, le monde entre dans une nouvelle ère marquée par
un relatif apaisement :
La Russie semble adopter un modèle démocratique, et les Occidentaux espèrent que
la fin de la Guerre froide va conduire à la paix mondiale.
La crainte d’un affrontement nucléaire se dissipe. La Russie et les États-Unis ne se
bloquent plus géopolitiquement.
2. Naïvetés post-Guerre froide
Cependant, plusieurs illusions ou naïvetés apparaissent après la fin de la Guerre froide :
Première naïveté : Les conflits au Sud disparaîtront
L'idée que la fin de la rivalité idéologique entre les États-Unis et l’URSS entraînerait la
fin des conflits au Sud se révèle fausse.
o De nombreuses guerres civiles continuent d’éclater, notamment
en Angola, Mozambique, Rwanda, et dans l'ex-Yougoslavie.
o Ces conflits trouvent souvent leur origine dans des
tensions ethniques, territoriales, ou politiques internes et non seulement
dans des affrontements idéologiques.
Deuxième naïveté : L’adoption du modèle occidental
L’idée que la victoire des États-Unis sur le communisme entraînerait la célébration
mondiale du modèle libéral et occidental est erronée.
o Certaines cultures non occidentales, profondément enracinées dans leurs
traditions, rejettent l'occidentalisation forcée.
o Exemples : les tensions entre les modèles démocratiques libéraux et les
traditions politiques de pays comme la Chine ou l’Iran.
Troisième naïveté : La perception de l’ex-URSS et de ses populations
En Occident, on pense que les populations russes et des pays de l’ex-bloc de l’Est sont
soulagées d’avoir quitté l’URSS, mais cela occulte leur identité et fierté
nationales liées à cet héritage.
o Exemple : Pour les Russes, l’URSS représentait bien plus qu’un système
économique défaillant. Leur perception du changement est vécue comme
une humiliation culturelle. Cela nourrit un ressentiment envers l’Occident.