JEAN-CLAUDE ROMAND : L’ADVERSAIRE
L’existence complexe de Jean-Claude Romand, homme humble et inaccessible,
mais également le meurtrier de sa propre famille, était destinée à être mise sur papier.
C’est après avoir menti à son entourage sur son poste prestigieux à l’Organisation
mondiale de la santé pendant environ dix-huit ans que Jean-Claude Romand tue sa
femme, ses enfants et ses parents. Puis, tente de se suicider en avalant des comprimés et
en mettant le feu à sa maison. C’est avec brio qu’Emmanuel Carrère a exécuté cette tâche
difficile après avoir longuement échangé par correspondance avec Romand. Carrère, à
l’aide de différentes stratégies narratives, dépeint son sujet à la fois comme un
personnage et un héros. Carrère, faisant lui-même partie du récit, penche plutôt vers le
héros et cela influence le jugement qu’il porte sur Jean-Claude Romand.
Jean-Claude Romand, personnage et héros tragique
Emmanuel Carrère illustre les multiples facettes de Jean-Claude Romand à l’aide
de différentes stratégies narratives. Il le dépeint comme un personnage, un être complexe
telle une personne avec une psychologie réaliste et dont les enjeux sont personnels. Le
personnage est généralement en rupture avec les valeurs que chérit l’ensemble de sa
communauté. Il présente également Jean-Claude Romand comme une sorte de héros
tragique dont le destin est scellé depuis sa naissance. Un homme surdimensionné, déchiré
et dans une situation sans issue.
Pour ce faire, Emmanuel Carrère emploie le narrateur homodiégétique, c’est-à-
dire un narrateur qui fait partie de l’histoire, mais qui ne raconte pas sa propre histoire.
, 2
Ce type de narrateur lui permet à la fois de raconter le processus de rédaction de son
livre, mais surtout de porter des jugements sur Romand et ses actions. On peut donc
comprendre que Carrère voit Romand comme « un damné1 », mais également comme un
mythomane. Il sait que « le menteur doit […] se servir de son imagination pour construire
son histoire pour qu’elle puisse être la plus vraisemblable possible. Il doit tout faire pour
ne pas être pris à son propre jeu2 », mais contrairement à l’opinion des autres personnages
Romand lui inspire de la compassion et de la pitié. En apprenant tranquillement à
connaitre Romand, Carrère le voit plutôt comme une victime de sa propre vie. Carrère en
apprend plus sur les traumatismes d’enfance qui amènent Romand à mentir, mais
également à être extrêmement déchiré entre le mensonge et la réalité. Puisqu’il a été
élevé dans une famille où la vérité était la vertu la plus importante, mais aussi où il était
obligé de cacher certaines vérités et donc de mentir par omission. L’homme est placé
dans une situation sans aucune issue où il ne peut continuer qu’à s’enfoncer de plus en
plus dans son mensonge. Carrère le perçoit également comme un être surdimensionné
étant donné qu’il est extrêmement intelligent et qu’il ment à si grande échelle. Il doit être
très difficile de bâtir un mensonge cohérant et de le préserver pendant autant d’années.
Carrère se sert également de la focalisation d’autres personnages pour illustrer la
complexité de Jean-Claude Romand. Il emploie cette stratégie étant donné que son profil
psychologique change avec chacun des personnages. Cela permet de bien illustrer les
différentes facettes de son sujet.
1
Emmanuel Carrère. L’adversaire. Paris : P.O.L, 2000, p. 48.
2
Mario Touzin. L’art de la bifurcation : Dichotomie, mythomanie et uchronie dans l’œuvre d’Emmanuel
Carrère. Montréal : Université de Montréal, 2007, p. 9.
L’existence complexe de Jean-Claude Romand, homme humble et inaccessible,
mais également le meurtrier de sa propre famille, était destinée à être mise sur papier.
C’est après avoir menti à son entourage sur son poste prestigieux à l’Organisation
mondiale de la santé pendant environ dix-huit ans que Jean-Claude Romand tue sa
femme, ses enfants et ses parents. Puis, tente de se suicider en avalant des comprimés et
en mettant le feu à sa maison. C’est avec brio qu’Emmanuel Carrère a exécuté cette tâche
difficile après avoir longuement échangé par correspondance avec Romand. Carrère, à
l’aide de différentes stratégies narratives, dépeint son sujet à la fois comme un
personnage et un héros. Carrère, faisant lui-même partie du récit, penche plutôt vers le
héros et cela influence le jugement qu’il porte sur Jean-Claude Romand.
Jean-Claude Romand, personnage et héros tragique
Emmanuel Carrère illustre les multiples facettes de Jean-Claude Romand à l’aide
de différentes stratégies narratives. Il le dépeint comme un personnage, un être complexe
telle une personne avec une psychologie réaliste et dont les enjeux sont personnels. Le
personnage est généralement en rupture avec les valeurs que chérit l’ensemble de sa
communauté. Il présente également Jean-Claude Romand comme une sorte de héros
tragique dont le destin est scellé depuis sa naissance. Un homme surdimensionné, déchiré
et dans une situation sans issue.
Pour ce faire, Emmanuel Carrère emploie le narrateur homodiégétique, c’est-à-
dire un narrateur qui fait partie de l’histoire, mais qui ne raconte pas sa propre histoire.
, 2
Ce type de narrateur lui permet à la fois de raconter le processus de rédaction de son
livre, mais surtout de porter des jugements sur Romand et ses actions. On peut donc
comprendre que Carrère voit Romand comme « un damné1 », mais également comme un
mythomane. Il sait que « le menteur doit […] se servir de son imagination pour construire
son histoire pour qu’elle puisse être la plus vraisemblable possible. Il doit tout faire pour
ne pas être pris à son propre jeu2 », mais contrairement à l’opinion des autres personnages
Romand lui inspire de la compassion et de la pitié. En apprenant tranquillement à
connaitre Romand, Carrère le voit plutôt comme une victime de sa propre vie. Carrère en
apprend plus sur les traumatismes d’enfance qui amènent Romand à mentir, mais
également à être extrêmement déchiré entre le mensonge et la réalité. Puisqu’il a été
élevé dans une famille où la vérité était la vertu la plus importante, mais aussi où il était
obligé de cacher certaines vérités et donc de mentir par omission. L’homme est placé
dans une situation sans aucune issue où il ne peut continuer qu’à s’enfoncer de plus en
plus dans son mensonge. Carrère le perçoit également comme un être surdimensionné
étant donné qu’il est extrêmement intelligent et qu’il ment à si grande échelle. Il doit être
très difficile de bâtir un mensonge cohérant et de le préserver pendant autant d’années.
Carrère se sert également de la focalisation d’autres personnages pour illustrer la
complexité de Jean-Claude Romand. Il emploie cette stratégie étant donné que son profil
psychologique change avec chacun des personnages. Cela permet de bien illustrer les
différentes facettes de son sujet.
1
Emmanuel Carrère. L’adversaire. Paris : P.O.L, 2000, p. 48.
2
Mario Touzin. L’art de la bifurcation : Dichotomie, mythomanie et uchronie dans l’œuvre d’Emmanuel
Carrère. Montréal : Université de Montréal, 2007, p. 9.
