DOSSIER 2 : Equilibres macroéconomiques et financiers.
Chapitre 2 : Le chômage, évolution et analyse.
Introduction :
En 1932, Paul Lazarsfeld publie Les chômeurs de Marienthal qui constitue la première grande enquête sociologique auprès des chômeurs dans
une ville autrichienne durement touchée par la crise du début de 1930’. Ils en reviennent profondément bouleversés par les ravages constatés du
chômage qui dépassent très largement les ravages économiques ou financiers. Ils voient la misère provoquée par les pertes d’emploi.
Outre la misère financière, impacts du chômage observés :
- Délitement des liens sociaux : à l’époque, la socialisation passait par l’emploi. Remise en cause du lien social par le chômage et sa
durée.
- Altération du rapport au temps : perte de repères. La durée au chômage provoque un découragement face à l’éventualité de retrouver
un emploi et une perte rapide de l’employabilité due à cette altération du rapport au temps.
- Repli sur soi marqué par une profonde apathie troublée parfois par des excès de violence.
Globalement, le chômage provoque d’après Lazarsfeld une totale et profonde atteinte à la vie sociale et psychologique des personnes.
Depuis, de nombreux travaux ont confirmé « le traumatisme social et psychologique » que constitue l’épreuve du chômage dans le monde
moderne.
D. Demazière, directeur de recherche au CNRS, en 1995, a publié La sociologie du chômage. Souligne les effets délétères de l’érosion du statut
social, du délitement de la sociabilité, de la perte de sentiment d’être utile. Ces conséquences sont d’après lui renforcées par la stigmatisation du
chômeur par la société qui victimise et culpabilise. Le bien-être psychologique est fortement et durablement marqué par l’expérience du
chômage. C’est ce qu’il a développé dans son article en 2013, « Etre chômeur à Paris, à Sao Paulo et à Tokyo ». Illustration des conséquences
psychologiques mais montre aussi que l’intégrité physique peut aussi être atteinte par le chômage : dégradation de la santé comment en
témoigne la surmortalité des chômeurs.
Au-delà des personnes que le chômage frappe, le chômage entraîne aussi un coût important pour la société :
- Coût financier direct : richesse qui aurait pu être produite par les personnes au chômage + montant de l’indemnisation.
- Tous les coûts économiques et sociaux qui sont plus diffus et plus difficilement mesurables, résultant des effets induits sur la
santé, donc sur l’espérance de vie, ou encore sur la délinquance (surtout chez les jeunes).
Les effets du chômage, sur le plan éco, financier, social ou psychologique, sont bien connus depuis longtemps par les économistes et les
sociologues.
→ Comment se fait-il que des sociétés qui continuent généralement à s’enrichir aient pu laisser s’installer durablement un chômage de
masse au cours de 40 dernières années ?
Quels sont les contours et la nature du chômage ?
Quelles sont les causes du chômage que la science éco aussi bien par la micro que par la macro, permet de plus en plus de
cernées ?
Comment certains pays sont plus touchés par le chômage que d’autres ?
Quelle part de responsabilité ont les institutions du marché du travail accusé souvent d’être trop rigide ?
Quelles solutions peuvent-être mises en œuvre pour lutter contre le chômage ? Politiques de l’emploi qui sont des
politiques actives ou passives.
Pour que la catégorie du chômage ait un sens, il faut que certaines conditions soient réunies pour pouvoir qualifier cette situation de chômage :
Le chômage est avant tout l’envers du salariat. La reconnaissance institutionnelle et statistique du chômage repose sur l’existence d’une relation de
travail fondée sur un lien de subordination légale entre un salarié et un employeur qui peut être nouée, maintenue dans la durée et rompue dans
certaines conditions. Cette notion de chômage est peu opératoire dans des sociétés où la place du travail indépendant et celle du travail informel
sont importantes. La notion de chômage est pertinente dans les pays industriels développés. C’est au tournant du XIXème et XXème, en Europe
occidentale, que le chômage a été « inventé » comme catégorie administrative et statistique : catégorie qui était destinée à représenter et à agir sur
une réalité apparemment nouvelle. Cette réalité nouvelle est perçue d’un point de vue négatif à cette époque. Ce tournant est marqué par une
relation salariale qui s’institutionnalise du fait de l’industrialisation.
La notion de chômage n’apparaît qu’en 1896 en France : premier recensement.
Le chômage n’est pas simple à appréhender et des polémiques sur sa mesure apparaissent régulièrement. Ces polémiques concernent les chiffres
du chômage. Ces chiffres laissent entrevoir une réalité complexe, inégalitaire et qu’il faut analyser en comptabilisant les individus selon leur statut
(en emploi, au chômage ou inactif) mais aussi en étudiant les transitions des personnes sur le marché du travail.
Cette réalité est d’autant plus complexe que le chômage ne correspond pas à une situation parfaitement nette. Existe et est mesuré un halo du
chômage, expression qui date de 1986 en F, Michel Cézard, « le chômage et son halo ». Ce halo du chômage = toutes les zones qui se situent
aux frontières des 3 catégories : une personne en âge de travailler peut être soit en emploi, soit en chômage, soit en inactivité. Situations de plus en
plus importantes et rendent complexes la réalité du chômage : provoquent un écart entre les chiffres du chômage (réalité statistique) et la perception
que les gens ont de leur réalité.
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Chapitre 2 : Le chômage, évolution et analyse.
Introduction :
En 1932, Paul Lazarsfeld publie Les chômeurs de Marienthal qui constitue la première grande enquête sociologique auprès des chômeurs dans
une ville autrichienne durement touchée par la crise du début de 1930’. Ils en reviennent profondément bouleversés par les ravages constatés du
chômage qui dépassent très largement les ravages économiques ou financiers. Ils voient la misère provoquée par les pertes d’emploi.
Outre la misère financière, impacts du chômage observés :
- Délitement des liens sociaux : à l’époque, la socialisation passait par l’emploi. Remise en cause du lien social par le chômage et sa
durée.
- Altération du rapport au temps : perte de repères. La durée au chômage provoque un découragement face à l’éventualité de retrouver
un emploi et une perte rapide de l’employabilité due à cette altération du rapport au temps.
- Repli sur soi marqué par une profonde apathie troublée parfois par des excès de violence.
Globalement, le chômage provoque d’après Lazarsfeld une totale et profonde atteinte à la vie sociale et psychologique des personnes.
Depuis, de nombreux travaux ont confirmé « le traumatisme social et psychologique » que constitue l’épreuve du chômage dans le monde
moderne.
D. Demazière, directeur de recherche au CNRS, en 1995, a publié La sociologie du chômage. Souligne les effets délétères de l’érosion du statut
social, du délitement de la sociabilité, de la perte de sentiment d’être utile. Ces conséquences sont d’après lui renforcées par la stigmatisation du
chômeur par la société qui victimise et culpabilise. Le bien-être psychologique est fortement et durablement marqué par l’expérience du
chômage. C’est ce qu’il a développé dans son article en 2013, « Etre chômeur à Paris, à Sao Paulo et à Tokyo ». Illustration des conséquences
psychologiques mais montre aussi que l’intégrité physique peut aussi être atteinte par le chômage : dégradation de la santé comment en
témoigne la surmortalité des chômeurs.
Au-delà des personnes que le chômage frappe, le chômage entraîne aussi un coût important pour la société :
- Coût financier direct : richesse qui aurait pu être produite par les personnes au chômage + montant de l’indemnisation.
- Tous les coûts économiques et sociaux qui sont plus diffus et plus difficilement mesurables, résultant des effets induits sur la
santé, donc sur l’espérance de vie, ou encore sur la délinquance (surtout chez les jeunes).
Les effets du chômage, sur le plan éco, financier, social ou psychologique, sont bien connus depuis longtemps par les économistes et les
sociologues.
→ Comment se fait-il que des sociétés qui continuent généralement à s’enrichir aient pu laisser s’installer durablement un chômage de
masse au cours de 40 dernières années ?
Quels sont les contours et la nature du chômage ?
Quelles sont les causes du chômage que la science éco aussi bien par la micro que par la macro, permet de plus en plus de
cernées ?
Comment certains pays sont plus touchés par le chômage que d’autres ?
Quelle part de responsabilité ont les institutions du marché du travail accusé souvent d’être trop rigide ?
Quelles solutions peuvent-être mises en œuvre pour lutter contre le chômage ? Politiques de l’emploi qui sont des
politiques actives ou passives.
Pour que la catégorie du chômage ait un sens, il faut que certaines conditions soient réunies pour pouvoir qualifier cette situation de chômage :
Le chômage est avant tout l’envers du salariat. La reconnaissance institutionnelle et statistique du chômage repose sur l’existence d’une relation de
travail fondée sur un lien de subordination légale entre un salarié et un employeur qui peut être nouée, maintenue dans la durée et rompue dans
certaines conditions. Cette notion de chômage est peu opératoire dans des sociétés où la place du travail indépendant et celle du travail informel
sont importantes. La notion de chômage est pertinente dans les pays industriels développés. C’est au tournant du XIXème et XXème, en Europe
occidentale, que le chômage a été « inventé » comme catégorie administrative et statistique : catégorie qui était destinée à représenter et à agir sur
une réalité apparemment nouvelle. Cette réalité nouvelle est perçue d’un point de vue négatif à cette époque. Ce tournant est marqué par une
relation salariale qui s’institutionnalise du fait de l’industrialisation.
La notion de chômage n’apparaît qu’en 1896 en France : premier recensement.
Le chômage n’est pas simple à appréhender et des polémiques sur sa mesure apparaissent régulièrement. Ces polémiques concernent les chiffres
du chômage. Ces chiffres laissent entrevoir une réalité complexe, inégalitaire et qu’il faut analyser en comptabilisant les individus selon leur statut
(en emploi, au chômage ou inactif) mais aussi en étudiant les transitions des personnes sur le marché du travail.
Cette réalité est d’autant plus complexe que le chômage ne correspond pas à une situation parfaitement nette. Existe et est mesuré un halo du
chômage, expression qui date de 1986 en F, Michel Cézard, « le chômage et son halo ». Ce halo du chômage = toutes les zones qui se situent
aux frontières des 3 catégories : une personne en âge de travailler peut être soit en emploi, soit en chômage, soit en inactivité. Situations de plus en
plus importantes et rendent complexes la réalité du chômage : provoquent un écart entre les chiffres du chômage (réalité statistique) et la perception
que les gens ont de leur réalité.
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