Le terme phénomène vient du verbe grec φανθένται qui signifie “luire”, “faire de la
lumière” mais aussi du verbe φαίνω qui signifie apparaître, être évident, le φορός signifiant
la torche, l’apparition éclatante. Ce terme philosophique apparaît tout aussi bien dans la vie
courante pour caractériser ce qui nous surprend, ce qui frappe, il exacerbe la qualité hors
norme d’une personne ou d’un événement. Mais si le phénomène désigne également par
son étymologie tout ce qui nous apparaît (étant éclairé) alors nous en avons l’expérience
chaque jour, il est partout, il désigne tout ce que nous voyons au quotidien. Le phénomène
peut donc relever du banal, telle ou telle chose m’apparaissant, mais aussi du paranormal,
une apparition sortant de l’ordinaire. Le phénomène doit être considéré systématiquement
dans une relation, il n’est pas un absolu se référant à lui-même, il est nécessairement en
rapport à un être (il faut bien que quelque chose m’apparaisse) mais aussi en relation au
sujet, le phénomène apparaît à quelqu’un, sans un témoin doué de sensibilité il ne peut
exister.
Le phénomène est un sujet d’étude de la philosophie depuis l’Antiquité, il imprègne
sous ses différentes formes les réflexions métaphysiques, Platon se demandait déjà dans sa
République ce qui éclairait les phénomènes quotidiens, le phénomène est alors vu comme
dépendant d’une norme, ici les Idées. On peut dater l'apparition d’une véritable
phénoménologie, c’est-à-dire d’une science du phénomène, au 18ème siècle (le terme
apparaît la première fois en 1734, plus tard utilisé par Hegel en 1807 avec sa
Phénoménologie de l’esprit) même elle se développe véritablement grâce à Husserl au
XXème siècle qui se propose d’étudier ce qui apparaît en tant qu’il apparaît. Certains
philosophes adhèrent à cette méthode phénoménologique et proposent leur vision de la
relation entre sujet, monde et apparition, au point de se revendiquer véritablement
“phénoménologue”. Lorsqu’il a été demandé à la philosophe allemande Hannah Arendt de
se situer en tant que philosophe elle aurait répondu que s’il fallait absolument la catégoriser
elle préférait alors être vue comme une “sorte de phénoménologue”. Elle se revendique