de soi de Marie-Claire Kerbrat
,♦ Avant-propos : l'écriture (va-t-elle) de soi ?
→ Tout écrivain se fonde sur ce qu'il a vécu, senti ou imaginé > écriture à partir de soi, à partir d'un point de
vue particulier et subjectif > besoin de se peindre et de se raconter à travers une autobiographie.
> Refus du roman impropre à la révélation de l'auteur.
→ Ecriture de soi comme recherche de son identité personnelle et de son identité en tant qu'auteur.
♦ Généalogie d'un genre littéraire
Exemples des Confessions de Rousseau, des Mots de Sartre et des Mémoires d'Hadrien de Yourcenar
Les trois autobiographies remontent à l'origine d'une vie
→ Mémoires d'Hadrien : portrait de son grand-père, de son père et de sa mère > expatriation originelle de la
lignée de Romains.
« Marullinus, mon grand-père croyait aux astres […] il descendait d'une longue série d'ancêtres établis en
Espagne depuis l'époque des Scipions »
→ Les Mots : début du récit dans les années 1850 > présentation des grands-parents, des frères de sa mère, de
Jean-Baptiste Sartre (son père) et d'Anne-Marie Schweitzer.
« Il lui fit un enfant au galop, moi »
→ Confessions : origine dans l'amour qui unit ses parents + œuvre originale et originelle > genre sincère.
Les trois autobiographies retrouvent les expériences fondatrices
→ Mémoires d'Hadrien : naître c'est se connaître, se découvrir et découvrir le monde > participation à une
expédition (contre les Daces) et à une guerre terrible.
« Le véritable lieu de naissances est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-
même ; mes premières patries ont été des livres. »
→ Les Mots : rencontre avec la lecture > choix d'une voie par les Idées. Sartre doit à quelques fautes
d'orthographe le fait d'être grondé pour la première fois.
, → Confessions : premières lectures = expériences initiatiques >
« Je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c'est le temps d'où je date sans
interruption la conscience de moi-même. »
Les autobiographies suivent-elles l'ordre chronologique ?
→ Confessions : suivent globalement la chronologie > dates rares, naissance en 1712, fin de lecture des romans
en 1719, arrivée à Chambéry en 1732... > le temps subjectif ne s'écoule pas régulièrement, les temps vides sont
vécus comme interminables.
→ Les Mots : Sartre fuit le temps et veut échapper au présent > ne s'installe jamais dans le temps.
→ Les Mémoires d'Hadrien : il ne jalonne pas son récit de dates mais indique plutôt son âge tout au long de
l'oeuvre > vie au première plan, devant les dates historiques.
Les autobiographies visent la fidélité plutôt que l'exactitude
→ Une autobiographie se prétend exacte sans pouvoir l'être : elle ne se lit pas comme un roman, puisqu'il y a
forcément un pacte dit référentiel (cf : Philippe Lejeune) que l'auteur contracte avec le lecteur > le récit se donne
pour vrai.
> Mais l'autobiographie n'a pas les moyens de réaliser sa promesse d'exactitude : confusion de la
mémoire > le sujet d'une autobiographie n'est pas le moi tel quel mais le « moi vu par moi »
« J'ai rapporté les faits avec autant d'exactitude que ma mémoire le permettait » (Les Mots)
→ Toute autobiographie est fidèle à son auteur-narrateur : erreurs, lapsus et oublis révélateurs > mort du père
de Sartre dans Les Mots : n'est-ce pas plutôt Sartre qui n'a pas survécu à cette perte ?
« Par chance, [mon père] est mort en bas âge »
Quels sont les différents « pactes » ?
→ Mémoires d'Hadrien : œuvre littéraire créée à partir de l'Histoire (exemple : les pages d'annexes présentant le
travail de recherche bibliographique de Yourcenar à la fin du roman) > cela invite à prendre au sérieux le récit.
Mais Yourcenar revendique la non-identité de l'auteur dans le personnage.
→ /!\ roman autobiographique : un roman dont le personnage ressemble à l'auteur > conformité à ce que le