présence d ’ une mati ère fluide, qui s ’ écoule continuellement
et devient continuellement autre. Ses sens se transforment
selon l ’ âge et les dispositions du corps, la veille et le
sommeil, le repos et la fatigue. Un jeune homme appelle
pusillanimité ce qu ' un vieillard croit être de la prudence.
U homme normal perçoit normalement; l 'homme anormal,
anormalement ; le miel est amer à celui - ci ; sucré à celui - l à .
L'homme pense nécessairement vraies les propositions par
lesquelles il fait apparaî tre à ses yeux et aux yeux d 'autrui ses
-
perceptions, actions, d ésirs, paroles. Ainsi devient il pour lui -
même le critère de l 'être et du vrai.
Et sans doute la formule qui rendit Protagoras cél èbre
entre tous les sophistes reste- belle énigmatique Quelle
extension peut bien avoir, en particulier, le mot « homme »
dans l 'expression : « homme , mesure de toutes choses » ? Cet
homme est-il l 'homme singulier, l 'individu avec ses
particularités propres ? Le terme désigne-t-il T humanité en
g énéral , dont ?essence appartient naturellement à tout
homme? Mais les sophistes ne faisaient sans doute pas cette
distinction. Et il est mieux, de ce fait , de prendre « homme »
sans aucune détermination, en considérant l'homme mesure
aussi bien dans sa ré alité ontologique que selon ses
dimensions individuelles et sociales.
On a tendance aujourd 'hui à ne pas attribuer à
Protagoras un relativisme absolu . E Dupréel mettait en garde
,
contre une interprétation exclusivement d éfavorable de sa
thèse, à la suite de Platon. « À suivre Platon, disait- il ,
Protagoras aurait considéré la connaissance comme une
affaire purement individuelle , la sensation et la perception
étant cc qu 'on est seul à éprouver, ce qu 'il est impossible de
comparer avec l'impression d ’ autrui (.. .) Nous voulons
*
montrer, au contraire, que le sophiste d 'Â bdère fut, à coup
sûr, le moins « individualiste », le plus « social » de tous les
et devient continuellement autre. Ses sens se transforment
selon l ’ âge et les dispositions du corps, la veille et le
sommeil, le repos et la fatigue. Un jeune homme appelle
pusillanimité ce qu ' un vieillard croit être de la prudence.
U homme normal perçoit normalement; l 'homme anormal,
anormalement ; le miel est amer à celui - ci ; sucré à celui - l à .
L'homme pense nécessairement vraies les propositions par
lesquelles il fait apparaî tre à ses yeux et aux yeux d 'autrui ses
-
perceptions, actions, d ésirs, paroles. Ainsi devient il pour lui -
même le critère de l 'être et du vrai.
Et sans doute la formule qui rendit Protagoras cél èbre
entre tous les sophistes reste- belle énigmatique Quelle
extension peut bien avoir, en particulier, le mot « homme »
dans l 'expression : « homme , mesure de toutes choses » ? Cet
homme est-il l 'homme singulier, l 'individu avec ses
particularités propres ? Le terme désigne-t-il T humanité en
g énéral , dont ?essence appartient naturellement à tout
homme? Mais les sophistes ne faisaient sans doute pas cette
distinction. Et il est mieux, de ce fait , de prendre « homme »
sans aucune détermination, en considérant l'homme mesure
aussi bien dans sa ré alité ontologique que selon ses
dimensions individuelles et sociales.
On a tendance aujourd 'hui à ne pas attribuer à
Protagoras un relativisme absolu . E Dupréel mettait en garde
,
contre une interprétation exclusivement d éfavorable de sa
thèse, à la suite de Platon. « À suivre Platon, disait- il ,
Protagoras aurait considéré la connaissance comme une
affaire purement individuelle , la sensation et la perception
étant cc qu 'on est seul à éprouver, ce qu 'il est impossible de
comparer avec l'impression d ’ autrui (.. .) Nous voulons
*
montrer, au contraire, que le sophiste d 'Â bdère fut, à coup
sûr, le moins « individualiste », le plus « social » de tous les