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El Desdichado
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un commentaire composée de la poésie El Desdichado
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D.REl Desdichado
Commentaire
SEMESTRE 4
POESIE
ANNEE UNIVERSITAIRE 2019-2020 |Les Chimères Gérard de Nerval
, El Desdichado
Commentaire
‘’El Desdichado’’ campe une silhouette de poète du noir et du souterrain qui rencontre
des valeurs. Il est prince d'Aquitaine « à la tour abolie » avec ce que cela indique de destruction
absolue, la tour « à jamais rasée » de notre âme, selon l’expression de Bachelard 1, mais il a
1
« rêvé dans la grotte où nage la sirène » , et son « front est rouge encor du baiser de la reine ».
Enfin, « deux fois vainqueur » il a traversé « l’Achéron ». Ce sont là les sommets qui orientent
l'expressivité du poème, car, tout beaux qu'ils soient, les vers du « luth constellé, et du « soleil
noir » s'insèrent dans une littérature et une tradition, celle des images de ce qui brille dans le
noir, celle enfin de l’ange de la mélancolie de Dürer, très en vogue dans la littérature romantique
allemande et française.
Surgie du noir, l'apparition du prince se détache sur un fond d'horizon plus clair car il ne
peut y avoir de tour ou de silhouette sans un ciel pour les définir. Mais que le prince, noir lui-
même, ombre, se détache sur un ciel d'orage, tout le premier quatrain le suggère, car telle y est
partout la couleur du sentiment qu'on y trouve.
Chaque mot répercute sa charge de ténèbres sur le voisin : ténébreux annonce veuf qui
l'amplifie et fait d'inconsolé un mot noir. Là-dessus, l'éclaircie provoquée par les syllabes claires
et la connotation méridionale du mot Aquitaine ne semble être là que pour révéler le prince qui
est adjoint à elle, tandis qu’apparaît en même temps -par suite de la forte liaison syntaxique
établie par ‘’à’’- la tour elle-même, masse sombre sur un ciel à peine éclairé. Avec le mot abolie
tout retourne au néant qui est, avec veuf et morte, un autre aspect du noir. La couleur reste noire
dans l'Etoile morte qui suit. Et pourtant, dans cette ambiance si sombre, ce sont des valeurs qui
apparaissent. Le prince lui-même et la tour, autre sens de l’expression, seigneur et prestige, sont
des valeurs associées l’une à l’autre et voisines, malheureuses ou « abolies », mais
poétiquement vivantes. « L'étoile », parce qu'elle est soulignée, le « luth », parce qu'il est
« constellé », se lient entre eux par la singularité fixe et hyperbolique de leur présence et
rejoignent, dans le quatrain qui suit, l’« étoile » également soulignée et « toi » qui console.
Or, cette deuxième strophe ne paraît pas avoir d’autre fonction que de faire apparaître
de nouvelles valeurs et de les lier à ce qui les précède comme à ce qui les suit, bien qu’elles
seules appartiennent à la lumière extérieure de la vie dont l’Italie, sa mer et sa végétation, c’est-
à-dire son paysage, sont le signe. Ce qui semble compter ici est donc moins ce qui apparaît que
ce qui continue, et ce n’est pas une coïncidence si cette strophe, la moins imaginée du poème,
est aussi la plus unie, énumération de tonalité unique où le dernier vers purement mimétique dit
l’enroulement, le lien, l’alliance : « Et la treille où le pampre à la rose s’allie. »
On dirait, à ce point-ci du sonnet, que les valeurs se succèdent en s’opposant, et on
pourrait voir en effet dans ce qui suit, d’abord un retour au sombre avec la « grotte », au passé,
« l’Achéron », puis à la vie du dehors avec le dernier vers. Tout ceci cependant est d’une couleur
tellement effacée par rapport aux premiers quatrains que l’unité de ton et de mouvement est
plutôt jeu d’esprit que réalité. En fait le premier tercet fait apparaître une force de la ferveur.
C’est cette dernière, en effet, qui dépasse ce qu’il y a de littéraire et d’initiatique dans
l’intériorité de la grotte pour dire avec le « baiser de la reine » l’importance de l’événement,
l’expérience ineffaçable. C’est là ce qui qualifie d’une manière inventée la vie du « prince »,
car ces deux vers si connus et si commentés vont ensemble :
1
Bachelard, La poétique de l’espace, p.19.
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