La Philosophie Politique d'Arendt
Hannah Arendt (1906-1975)
Est-elle une philosophe politique ?
Affirmations récurrentes tout en ne ne se présentant pas comme philosophe →
pourquoi cette étiquette alors ?
Philo et sociologie « Nous les politologues [...] »
N'a jamais enseigné la philo politique mais la théorie politique.
« ne sont pas enclin naturellement à se préoccuper de politique »
La Vie de l'esprit : « Je n'ai ni la prétention ni l'ambition d'être philosophe »
Fait-elle alors de la philosophie politique ?
Interview : « Je n’appartiens pas au cercle des philosophes »
Aucune catégorisation de sa pensée → Pourquoi ?
« intellectuel de la gauche allemande » → contre cette étiquette
(voir expression banalité du mal)
2nd époux qui l'a conduit dans le militantisme et dans la lecture des traités marxistes
Issue de la phénoménologie et non pas de Marx
Elle refuse également le qualificatif « femme d'exception » → ne pas se définir comme
une femme
Geneviève Fraisse → « le choix du neutre », contre donner un genre à une pensée, ne
pas nier sa feminité mais la pensée n'a pas de sexe
CF : Annie Ernaux, une écriture féminine ?
Enseigne dans les plus prestigieuses universités → milieu machiste
Mais refuse pourtant toute étiquette, catégorisation = non subtilité, calquer des
représentations
Revendication d'une autre forme de catégorisation donc rejet de la philosophie
politique ?
Élève d'Heidegger → influence de sa pensée (polémique par rapport à la pensée
fascisante de son maître à penser) → amalgame entre les 2 ?
Philo et Sociologie une forme « d'abîme » entre philo et politologue
1954 : un événement de divorce c'est le procès de Socrate, tournant dans la relation
pol/philo, une méfiance naturelle qui s'installe
→ il faut se méfier du peuple à partir de ce moment. Socrate n'a pas pu convaincre de
son innocence, quelle valeur donner alors à la persuasion ? L'opinion de la majorité des
ignorants (plèbe) a pesé face à l'opinion du sage
1
,_ la dialectique devait être maîtrisée par le sage ( s'opposant à la rhétorique sophiste)
La philo pol trouve son origine dans cette méfiance envers la démocratie
→ à partir de ce moment là le philosophe politique est persuadé de pouvoir apporter
des théories de régime politique par le détachement de la société propre au sage
→ Arendt veut révolutionner la philo pol
(NB : Arendt et la phénoménologie → seule catégorisation qu’elle ait pu accepter tout
en se détachant de Husserl et Hegel)
Arendt a vécu le traumatisme de la 2GM, arrêtée deux fois et l'exil en France → s'enfuit
d'un camp de détention en France, à éviter la déportation à Auschwitz → se bat contre
cette naïveté qui croit en la bonté de l'homme
→ une conception du mal qui évolue radicalement avec le contexte politique/social
Le Procès Eichmann → revirement de sa pensée
« La philo pol n’est que le jeu très compliqué d'enfants saisis par le désespoir » → le
désespoir de voir ce dont l'homme est capable, pour cela s'extirper du monde, de mettre
une distance or c’est la mauvaise solution → naïveté d'enfant
→ Problème de méthode, ne pas se contenter de la méditation (sans tout à fait rompre
avec toute la tradition philosophique)
essaie de mettre un terme à une incompréhension entre le philosophe et l'homme
politique
→ philosophe = étonnement, être frappé de stupeur, ce qui dérange, ce qui semble
étrange
Dépasser cette ignorance contrairement à la masse (CF : mythe de la caverne qui met le
sage au dessus de la plèbe) (CF : Nietzsche)
Ne peut être qu'étranger à la cité des hommes, se définit comme étranger au domaine
politique
« La philo occidentale n'a jamais eu de conception du pol et ne pouvait pas en avoir »
(lettre 1951 à son maître de thèse )
Le totalitarisme a été rendu possible par une pensée philo extérieure aux préoccupations
quotidiennes
Cf : Simone Weil → ne pas s'installer dans le monde universitaire confortable →
comprendre par l'expérience vécue
Volonté de s'intéresser au monde, un amour du monde chez Arendt (CF : ses études de
Saint Augustin)
S'est construite contre la philo pour enfin y revenir dans son dernier ouvrage, inachevé.
Dimension de la praxis/theoria de la philosophie à rompre → élucider les concepts et les
fabriquer (voir Deleuze) → il faut travailler sur les concepts mais aussi comprendre son
époque, le monde qu'on habite
La méthode Arendt : mise en tension entre la tradition et l'actualité (se rapproche du
journalisme?)
Démarche The New Yorker pour couvrir le procès Eichmann → utiliser l'histoire pour
comprendre son époque
2
, Ne pas abandonner la philo mais la renouveler (en utilisant ses bases) → rompre avec le
philo/prophète/sauveur
Rupture social/politique chez A. (l'économie également) → des champs tout à fait
séparés
Ne plus abandonner la question politique dans son projet
qualifiée de « conservatrice » par McCarthy, amour pour les anciennes idées
CF : texte de 1976 : pour dire au revoir à Hannah Arendt
(alors que rupture entre vie privée et vie publique selon A., toujours en retrait)
Qu'est ce que la philosophie politique et quelle est sa spécificité ?
Obsession de Hannah Arendt : comprendre → s'apparente à Merleau-Ponty dans ses
arguments
CF : Texte 1 – interview avec Günter Gaus
Comment définir la philosophie politique ?
Textes d'Aristote : la philosophie politique comme gouvernement juste, cité d'hommes
égaux
Censée nous aider à déterminer quel est le meilleur régime possible, les hommes doivent
vivre ensemble mais ils ne savent pas spontanément comment faire. La philosophie
politique détermine cela.
Thierry Ménissier propose : l'art de conduire les hommes
→ définition restrictive, régimes, moyens d'action → quel régime est supérieur aux
autres ?
Mais pour Ménissier c'est une démarche restrictive car le champ de la philosophie
morale ne peut être ignoré → questions du vivre ensemble
La philosophie politique reste engluée dans une défiance réciproque : les philosophes se
méfient des hommes d'action (depuis procès de Socrate) et donc construise les théories
du vivre ensemble hors de la cité
→ les hommes d'actions se méfient eux-mêmes des philosophes car ils déstructurent les
représentations, ce qui est dangereux → le réel va se dérober sans cesse à la volonté qui
anime le philosophe d' accéder à une logique. On ne peut pas selon Arendt trouver des
concepts qui englobent les phénomènes singuliers lorsque l'on vit à l'extérieur de la cité
→ Pour Arendt la difficulté est matricielle
Les philosophes vont tenir la politique « d'une main de fer comme un maître tient son
chien à ses pieds » (Merleau-Ponty) → Il n'y a pas véritablement de philosophie
politique car intrinsèquement la philosophie est anti-politique. Le philosophe se méfie
de la communauté des hommes tout en pensant devoir conseiller le politique
Arendt est plus radicale que Merleau-Ponty, elle propose de rompre avec la tradition,
pour pouvoir surmonter sa fragilité il faudrait se défaire du monde ? C'est insensé selon
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Hannah Arendt (1906-1975)
Est-elle une philosophe politique ?
Affirmations récurrentes tout en ne ne se présentant pas comme philosophe →
pourquoi cette étiquette alors ?
Philo et sociologie « Nous les politologues [...] »
N'a jamais enseigné la philo politique mais la théorie politique.
« ne sont pas enclin naturellement à se préoccuper de politique »
La Vie de l'esprit : « Je n'ai ni la prétention ni l'ambition d'être philosophe »
Fait-elle alors de la philosophie politique ?
Interview : « Je n’appartiens pas au cercle des philosophes »
Aucune catégorisation de sa pensée → Pourquoi ?
« intellectuel de la gauche allemande » → contre cette étiquette
(voir expression banalité du mal)
2nd époux qui l'a conduit dans le militantisme et dans la lecture des traités marxistes
Issue de la phénoménologie et non pas de Marx
Elle refuse également le qualificatif « femme d'exception » → ne pas se définir comme
une femme
Geneviève Fraisse → « le choix du neutre », contre donner un genre à une pensée, ne
pas nier sa feminité mais la pensée n'a pas de sexe
CF : Annie Ernaux, une écriture féminine ?
Enseigne dans les plus prestigieuses universités → milieu machiste
Mais refuse pourtant toute étiquette, catégorisation = non subtilité, calquer des
représentations
Revendication d'une autre forme de catégorisation donc rejet de la philosophie
politique ?
Élève d'Heidegger → influence de sa pensée (polémique par rapport à la pensée
fascisante de son maître à penser) → amalgame entre les 2 ?
Philo et Sociologie une forme « d'abîme » entre philo et politologue
1954 : un événement de divorce c'est le procès de Socrate, tournant dans la relation
pol/philo, une méfiance naturelle qui s'installe
→ il faut se méfier du peuple à partir de ce moment. Socrate n'a pas pu convaincre de
son innocence, quelle valeur donner alors à la persuasion ? L'opinion de la majorité des
ignorants (plèbe) a pesé face à l'opinion du sage
1
,_ la dialectique devait être maîtrisée par le sage ( s'opposant à la rhétorique sophiste)
La philo pol trouve son origine dans cette méfiance envers la démocratie
→ à partir de ce moment là le philosophe politique est persuadé de pouvoir apporter
des théories de régime politique par le détachement de la société propre au sage
→ Arendt veut révolutionner la philo pol
(NB : Arendt et la phénoménologie → seule catégorisation qu’elle ait pu accepter tout
en se détachant de Husserl et Hegel)
Arendt a vécu le traumatisme de la 2GM, arrêtée deux fois et l'exil en France → s'enfuit
d'un camp de détention en France, à éviter la déportation à Auschwitz → se bat contre
cette naïveté qui croit en la bonté de l'homme
→ une conception du mal qui évolue radicalement avec le contexte politique/social
Le Procès Eichmann → revirement de sa pensée
« La philo pol n’est que le jeu très compliqué d'enfants saisis par le désespoir » → le
désespoir de voir ce dont l'homme est capable, pour cela s'extirper du monde, de mettre
une distance or c’est la mauvaise solution → naïveté d'enfant
→ Problème de méthode, ne pas se contenter de la méditation (sans tout à fait rompre
avec toute la tradition philosophique)
essaie de mettre un terme à une incompréhension entre le philosophe et l'homme
politique
→ philosophe = étonnement, être frappé de stupeur, ce qui dérange, ce qui semble
étrange
Dépasser cette ignorance contrairement à la masse (CF : mythe de la caverne qui met le
sage au dessus de la plèbe) (CF : Nietzsche)
Ne peut être qu'étranger à la cité des hommes, se définit comme étranger au domaine
politique
« La philo occidentale n'a jamais eu de conception du pol et ne pouvait pas en avoir »
(lettre 1951 à son maître de thèse )
Le totalitarisme a été rendu possible par une pensée philo extérieure aux préoccupations
quotidiennes
Cf : Simone Weil → ne pas s'installer dans le monde universitaire confortable →
comprendre par l'expérience vécue
Volonté de s'intéresser au monde, un amour du monde chez Arendt (CF : ses études de
Saint Augustin)
S'est construite contre la philo pour enfin y revenir dans son dernier ouvrage, inachevé.
Dimension de la praxis/theoria de la philosophie à rompre → élucider les concepts et les
fabriquer (voir Deleuze) → il faut travailler sur les concepts mais aussi comprendre son
époque, le monde qu'on habite
La méthode Arendt : mise en tension entre la tradition et l'actualité (se rapproche du
journalisme?)
Démarche The New Yorker pour couvrir le procès Eichmann → utiliser l'histoire pour
comprendre son époque
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, Ne pas abandonner la philo mais la renouveler (en utilisant ses bases) → rompre avec le
philo/prophète/sauveur
Rupture social/politique chez A. (l'économie également) → des champs tout à fait
séparés
Ne plus abandonner la question politique dans son projet
qualifiée de « conservatrice » par McCarthy, amour pour les anciennes idées
CF : texte de 1976 : pour dire au revoir à Hannah Arendt
(alors que rupture entre vie privée et vie publique selon A., toujours en retrait)
Qu'est ce que la philosophie politique et quelle est sa spécificité ?
Obsession de Hannah Arendt : comprendre → s'apparente à Merleau-Ponty dans ses
arguments
CF : Texte 1 – interview avec Günter Gaus
Comment définir la philosophie politique ?
Textes d'Aristote : la philosophie politique comme gouvernement juste, cité d'hommes
égaux
Censée nous aider à déterminer quel est le meilleur régime possible, les hommes doivent
vivre ensemble mais ils ne savent pas spontanément comment faire. La philosophie
politique détermine cela.
Thierry Ménissier propose : l'art de conduire les hommes
→ définition restrictive, régimes, moyens d'action → quel régime est supérieur aux
autres ?
Mais pour Ménissier c'est une démarche restrictive car le champ de la philosophie
morale ne peut être ignoré → questions du vivre ensemble
La philosophie politique reste engluée dans une défiance réciproque : les philosophes se
méfient des hommes d'action (depuis procès de Socrate) et donc construise les théories
du vivre ensemble hors de la cité
→ les hommes d'actions se méfient eux-mêmes des philosophes car ils déstructurent les
représentations, ce qui est dangereux → le réel va se dérober sans cesse à la volonté qui
anime le philosophe d' accéder à une logique. On ne peut pas selon Arendt trouver des
concepts qui englobent les phénomènes singuliers lorsque l'on vit à l'extérieur de la cité
→ Pour Arendt la difficulté est matricielle
Les philosophes vont tenir la politique « d'une main de fer comme un maître tient son
chien à ses pieds » (Merleau-Ponty) → Il n'y a pas véritablement de philosophie
politique car intrinsèquement la philosophie est anti-politique. Le philosophe se méfie
de la communauté des hommes tout en pensant devoir conseiller le politique
Arendt est plus radicale que Merleau-Ponty, elle propose de rompre avec la tradition,
pour pouvoir surmonter sa fragilité il faudrait se défaire du monde ? C'est insensé selon
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