Explication linéaire (Recueillement)
Intro
Le poème étudié est écrit par Charles Baudelaire, poète du XIXème siècle. Héritier du romantisme et précurseur du
symbolisme, il révolutionne la poésie en y introduisant de nouveaux sujets notamment dans son recueil Les fleurs du
mal dont est extrait ce poème écrit en 1861 et publié dans l’édition posthume de 1868.
Dans Fusées Baudelaire écrit “le monde va finir” et exprime toute sa détestation envers le monde moderne dans
lequel il vit. Son travail consiste en cette opération alchimique et justement la transformation de la boue en or que
l’on voit dans ce poème. Il s’agit d’un sonnet en alexandrin qui exprime le désir de retrait du poète du monde pour
revenir à soi d’où son titre “Recueillement”.
Problématique
En quoi l’alchimie poétique est-elle ici appliquée à la douleur tenue en majesté?
EL
s’ouvre sur double injonction adressée à Douleur par impératif “sois/tiens-toi” et apostrophe “ô ma Douleur” →
s’adresse à Douleur
“Douleur” avec majuscule → allégorie, mais paradoxe car dét possessif “ma” + utilisation 2e pers. sg. et pas pl.
→ poète possède intimité avec Douleur lui accordant visage très concret et volonté “réclamais”
prés. énonciation “descend” + présentatif “voici” → ancre poème dans présent le rendant plus vivant
⇒ v. 1, 2: chiasme rythmique (2,4,6(court, court, long)/6,3,3(long, court, court)) → soubresauts Douleur
v. 3 → périphrase crépuscule → rythme régulier → crépuscule apaise douleur
lecture verticale: rime “ville/tranquille” → recueillement moyen de s’éloigner de ville pour trouver tranquillité
v. 4: parallélisme “aux uns/aux autres” → renforce apaisement porté par crépuscule (tombée du soir)
1e hémistiche: poète se range auprès de ceux-là crépuscule=“paix”
2e hémistiche: annonce thème suite
“des mortels la multitude vile” → CDN déplacé pour faire rimer avec “vile/ville”
dans 2e strophe oppose sa solitude et douleur aux autres décrits comme groupe “mortels”
→ Douleur lui est réservée/pas accessible à tous → tenue en majesté
lui “Douleur” en opposition avec autres “Plaisir” aussi allégorie
périphrase “ce bourreau sans merci” désigne “Plaisir” → plaisir inflige châtiments
v. “cueillir”: lui cueille fleurs du mal alors que autres cueillent remords
oxymore “fête servile” → dénonce réjouissances grossières des “mortels”
v. 8: apostrophe fait écho à 1e strophe “donne-moi/viens” → Douleur invitée/voulue
v. 8: irrégularité rythmique + rejet CCL “loin d’eux”→ empressement du poète de se séparer de la masse/monde
strophe 3: même démarche: allégoriser “Années/Regret”
v. 10, 11: contemple paysage urbain crépusculaire
pas de toponymes, mais “fond des eaux” pourrait faire allusion à la Seine → s’agit du paysage parisien
paysage acquiert grande profondeur: “balcons du ciel/fond des eaux”
⇒ ville assujettie à servilité et devient paysage vaste dans lequel se reflète l’âme du poète → nostalgie
allégorie “Soleil/Orient/Nuit” → tombée de la nuit ⇒ il y a donc progression dans poème
“long linceul” = mort entraînée par la nuit
cependant cela pas inquiétant, mais au contraire, consolateur car épithète “douce” désigne Nuit + assonance “an” →
atmosphère d’apaisement ⇒ présence féminine consolatrice
Conclusion
Ce poème crée un lien entre la ville et le vice à la tombée du crépuscule, alors que la Douleur et la mort deviennent
la compagne consolatrice du poète dans sa solitude.
Ouverture
De la même manière dans d’autres poèmes des Fleurs du mal, comme “La Mort des Amants”, la mort est présentée
comme libératrice et consolatrice.