Explication linéaire (Knock ou le Triomphe de La Médecine, scène 1 acte 2)
Introduction
L’extrait étudié est écrit par Jules Romains, écrivain du XXe siècle. Il s’agit d’un dramaturge qui a écrit la principale
partie de ses œuvres dans l’entre deux guerres. Il est notamment très connu pour sa pièce Knock ou le Triomphe de
La Médecine qui constitue un des sommets de la comédie satirique française. La satire porte sur le docteur Knock qui
parvient à manipuler les habitants du village pour les convaincre qu’ils sont malades pour leur soustraire de fortes
sommes d’argent.
L’extrait étudié est issu de la scène 1 de l’acte 2 où Knock effectue une consultation gratuite au Tambour du village et
ou voit en œuvre ses pratiques de médecin-charlatan.
Problématique
En quoi dans cet extrait peut-on dire que le rire provoqué par cette scène de manipulation est teinté d’inquiétude et
de malaise? En quoi peut-on parler d’un rire jaune?
Plan
Nous étudierons tout d’abord la consultation effectuée par le médecin charlatan dans le premier mouvement, puis
nous verrons sa prescription dans le second mouvement.
Mouvement 1: consultation
texte s’ouvre sur didascalie “cesse d’écrire, se lève et s’approche du tambour”→ comédien doit exagérer gravité
situation, empressement → donner bonne impression auprès de son premier patient qui est choisi stratégiquement:
Tambour, d’où tout village
réplique typique de médecin “De quoi souffrez-vous?”
réponse “Attendez que je réfléchisse!” → T ne souffre de rien est donc en bonne santé
didascalie “il rit” → s’amuse de cette situation, mais se prend au jeu pour complaisance narcissique
modalisateur “une espèce de” → incertitude, renforce imprécision propos → confirme que T ne souffre de rien
on rit du ridicule de la situation → cherche mal qui n’existe pas
épanorthose “ça me chatouille, ou plutôt, ça me gratouille” → similarité sémantique et phonétique
“ne confondons pas” conj coord “ou” → commence exercer autorité sur patient prêtant grande importance à son mal
incapacité T à répondre → encore montre que ne souffre de rien → incapable de mettre mots sur prétendue
sensation
corroborée par réplique suivante où on constate que patient absolument incapable de localiser sensation: indications
très vagues et imprécises: modalisateur “me semble”
⇒ à la fois incapable de désigner mal et de le localiser → souffre de rien
didascalie interne “ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt?” → face à absence de symptômes réels, K en crée →
lui fait mal → T essaye de garder tranquillité “on dirait que ça me fait mal”
didascalie externe “médite d’un air sombre” → pour ajouter à la prétendue gravité
interjection “Ah! Ah!” → montre qu’il a trouvé de quoi il s’agit
réponse T fait basculer dans absurde “je n'en mange jamais, mais si j’en mangeais…” → irréel phrase souligne
naïveté/crédulité extrême → effet comique
encore “Ah! Ah!” → cheminement vers diagnostique qui censé gagner en précision
questions de plus en plus précises notamment âge → absurde également → s’adapte à son interlocuteur →
diagnostique dans domaine absurde
on rit de T et de sa crédulité, à partir de didascalie externe “il se trouble peu à peu” → pitié car Knock apparaît
comme inquiétant
Mouvement 2: prescription
didascalie externe “lui met la main sur l’épaule” → contraste avec enfonce doigt précédemment
éprouve pitié envers malade qu’il a lui même rendu malade
K sans révéler nature de la maladie → attitude amicale avec ton hypocoristique “mon ami” → provoque anxiété du T:
“Ce n’est peut-être pas encore très grave. Il était temps de vous soigner”
suivent prescriptions régime maigre dépourvu des plaisirs du patient: tabac, vin, abstinence → régime maigre