Les Fausses Confidences
Acte 1 scène 14
Alors que le motif amoureux apparait de manière plus récurrente dans le théâtre du XVIIIème,
certains dramaturges surpassent l’analyse des sentiments pour livrer un regard plus critique sur
l’échange amoureux et notamment le rôle de la parole. Dans sa pièce Les Fausses Confidences
Marivaux aborde la thématique de la force des mots à travers le personnage de Dubois, un valet
maitrisant l’art du langage qui à travers le lien de confiance qu’il a développé, sème mensonges et
vérités pour mener à bien son stratagème. Dans la scène 14 de l’acte 1, Dubois délivre la première
fausse confidence à Araminte à travers le récit d’un coup de foudre disproportionné. Au fil d’un
échange progressif, mesuré et dominé par le valet, Dubois extériorises ses talents d’orateur. Il
surpasse alors sa condition de domestique et incarne le rôle d’un manipulateur qui grâce à sa
maitrise du langage, attise la curiosité d’Araminte jusqu'à faire naitre la passion amoureuse.
LECTURE
Comment la virtuosité de Dubois est-elle mise en scène dans cette première fausse confidence ?
L’évocation d’une rivale, une ruse destinée à susciter émotions et jalousie/ Le récit du coup de
foudre, un jeu de confiance et de flatterie/ La réussite du stratagème
Dubois, réfléchi et manipulateur cherche à éveiller la curiosité d’Araminte à travers un discours
construit et progressif. Après s’être assuré de la confiance de sa maitresse, il lui confie première
fausse confidence, l’amour de Dorante, afin de susciter son attention. Pris au piège, Araminte
manifeste un intérêt envers l’aveu de Dubois qui en profite alors pour attiser sa jalousie. Le valet
pointe la soit disant existence de nombreuses prétendantes souhaitant épouser Dorante plaçant
Araminte dans une situation d’inconfort tout en la flattant. L’évocation de la multiplicité des rivales
« de fortes aimables » accompagné de la conjonction adversative suivie d’une négation « il n’a tenu
qu’a lui » accentue la flatterie faisait passer Araminte pour le centre des occupations de Dorante. Ce
jeu d’accumulation permet à Dorante de piquer Araminte de manière soudaine avec l’évocation
d’une jeune femme en particulier « il y en a une qui le poursuit encore tous les jours ». L’effet désiré
est obtenu comme le témoigne l’usage de l’adverbe de manière « actuellement » qui marque une
rupture avec le détachement précédent d’Araminte qui semble prendre conscience de l’état
d’urgence qu’il y a de s’attacher à Dorante. Le valet insiste alors sur la prétendue rivale avec
l’adjectif mélioratif « brune piquante » s’opposant explicitement à l’apparence d’Araminte. Le valet
domine la conversation comme le témoigne la volumétrie de parole en sa faveur. Araminte joue
davantage le rôle d’un spectateur et ses brèves interruptions n’ont qu’une fonction affirmative ou
interrogative. L’usage du mode interrogatif « ou m’a-t-il vu ? » a pour fonction de relancer le récit de
Dubois et elle manifeste malgré elle une curiosité qu’elle tente de dissimuler. En effet les
convenances sociales lui imposent une maitrise des émotions et feint la négligence malgré son
trouble. Tout au long de son discours, Dubois se présente comme un connaisseur de l’âme humaine.
Il rapporte les réactions imaginaires de Dorante face aux demandes en mariage « je les tromperais
me disait-il je ne puis les aimer mon cœur est parti ». Ce pseudo moment d’aveu provoque le trouble
d’Araminte car le discours est formulé à la première personne comme de la bouche même de
Dorante conduisant à un effet de mise en abyme. Dubois clôt sa réplique avec une hyperbole pour
décrire l’immense tristesse de son maitre « ce qu’il disait quelques fois la larme à l’œil ». Araminte
Acte 1 scène 14
Alors que le motif amoureux apparait de manière plus récurrente dans le théâtre du XVIIIème,
certains dramaturges surpassent l’analyse des sentiments pour livrer un regard plus critique sur
l’échange amoureux et notamment le rôle de la parole. Dans sa pièce Les Fausses Confidences
Marivaux aborde la thématique de la force des mots à travers le personnage de Dubois, un valet
maitrisant l’art du langage qui à travers le lien de confiance qu’il a développé, sème mensonges et
vérités pour mener à bien son stratagème. Dans la scène 14 de l’acte 1, Dubois délivre la première
fausse confidence à Araminte à travers le récit d’un coup de foudre disproportionné. Au fil d’un
échange progressif, mesuré et dominé par le valet, Dubois extériorises ses talents d’orateur. Il
surpasse alors sa condition de domestique et incarne le rôle d’un manipulateur qui grâce à sa
maitrise du langage, attise la curiosité d’Araminte jusqu'à faire naitre la passion amoureuse.
LECTURE
Comment la virtuosité de Dubois est-elle mise en scène dans cette première fausse confidence ?
L’évocation d’une rivale, une ruse destinée à susciter émotions et jalousie/ Le récit du coup de
foudre, un jeu de confiance et de flatterie/ La réussite du stratagème
Dubois, réfléchi et manipulateur cherche à éveiller la curiosité d’Araminte à travers un discours
construit et progressif. Après s’être assuré de la confiance de sa maitresse, il lui confie première
fausse confidence, l’amour de Dorante, afin de susciter son attention. Pris au piège, Araminte
manifeste un intérêt envers l’aveu de Dubois qui en profite alors pour attiser sa jalousie. Le valet
pointe la soit disant existence de nombreuses prétendantes souhaitant épouser Dorante plaçant
Araminte dans une situation d’inconfort tout en la flattant. L’évocation de la multiplicité des rivales
« de fortes aimables » accompagné de la conjonction adversative suivie d’une négation « il n’a tenu
qu’a lui » accentue la flatterie faisait passer Araminte pour le centre des occupations de Dorante. Ce
jeu d’accumulation permet à Dorante de piquer Araminte de manière soudaine avec l’évocation
d’une jeune femme en particulier « il y en a une qui le poursuit encore tous les jours ». L’effet désiré
est obtenu comme le témoigne l’usage de l’adverbe de manière « actuellement » qui marque une
rupture avec le détachement précédent d’Araminte qui semble prendre conscience de l’état
d’urgence qu’il y a de s’attacher à Dorante. Le valet insiste alors sur la prétendue rivale avec
l’adjectif mélioratif « brune piquante » s’opposant explicitement à l’apparence d’Araminte. Le valet
domine la conversation comme le témoigne la volumétrie de parole en sa faveur. Araminte joue
davantage le rôle d’un spectateur et ses brèves interruptions n’ont qu’une fonction affirmative ou
interrogative. L’usage du mode interrogatif « ou m’a-t-il vu ? » a pour fonction de relancer le récit de
Dubois et elle manifeste malgré elle une curiosité qu’elle tente de dissimuler. En effet les
convenances sociales lui imposent une maitrise des émotions et feint la négligence malgré son
trouble. Tout au long de son discours, Dubois se présente comme un connaisseur de l’âme humaine.
Il rapporte les réactions imaginaires de Dorante face aux demandes en mariage « je les tromperais
me disait-il je ne puis les aimer mon cœur est parti ». Ce pseudo moment d’aveu provoque le trouble
d’Araminte car le discours est formulé à la première personne comme de la bouche même de
Dorante conduisant à un effet de mise en abyme. Dubois clôt sa réplique avec une hyperbole pour
décrire l’immense tristesse de son maitre « ce qu’il disait quelques fois la larme à l’œil ». Araminte
