L.L.2 Acte I, Scène 14 (extrait)
DUBOIS, ARAMINTE
[…]
DUBOIS. Son défaut, c'est là. Il se touche le front. C'est à la tête que le
mal le tient. ARAMINTE. À la tête ?
DUBOIS. Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.
ARAMINTE. Dorante ! Il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa
folie ?
DUBOIS. Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il
extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je
dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le
quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme
incomparable.
ARAMINTE, un peu boudant. Oh bien ! Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le
garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage,
pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...
DUBOIS. Ah ! Vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire.
Malepeste ! Sa folie est de bon goût.
ARAMINTE. N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette
personne ?
DUBOIS. J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.
ARAMINTE. Moi, dis-tu ?
DUBOIS. Il vous adore ; il y a six mois qu'il n'en vit point, qu'il donnerait sa vie
pour avoir le plaisir de vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu'il a l'air
enchanté, quand il vous parle.
ARAMINTE. Il y a bien en effet quelque petite chose qui m'a paru extraordinaire.
Eh ! Juste ciel ! Le pauvre garçon, de quoi s'avise-t-il ?
DUBOIS, ARAMINTE
[…]
DUBOIS. Son défaut, c'est là. Il se touche le front. C'est à la tête que le
mal le tient. ARAMINTE. À la tête ?
DUBOIS. Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.
ARAMINTE. Dorante ! Il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa
folie ?
DUBOIS. Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il
extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu ; je
dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le
quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore, ôtez cela, c'est un homme
incomparable.
ARAMINTE, un peu boudant. Oh bien ! Il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le
garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage,
pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...
DUBOIS. Ah ! Vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire.
Malepeste ! Sa folie est de bon goût.
ARAMINTE. N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette
personne ?
DUBOIS. J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.
ARAMINTE. Moi, dis-tu ?
DUBOIS. Il vous adore ; il y a six mois qu'il n'en vit point, qu'il donnerait sa vie
pour avoir le plaisir de vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu'il a l'air
enchanté, quand il vous parle.
ARAMINTE. Il y a bien en effet quelque petite chose qui m'a paru extraordinaire.
Eh ! Juste ciel ! Le pauvre garçon, de quoi s'avise-t-il ?