Jean-Gaspard Itard (1774-1838)
A Qui est Itard ?
Itard est un médecin français qui en 1796 se fixe au Val de Grace à Paris. Il
découvre à l’institut de sourds-muets dirigé par l’abbé Sicard des enfants
sourds-muets dont certains sont confinés dans une vie presque végétative. Il
s’intéresse de près à ces enfants au bord de la société.
B Contexte d’émergence de la pensée d’Itard
Il est important de garder à l’esprit qu’à l’époque où Itard exerce ses
fonctions, intellectuellement un débat vif divise d’un côté les partisans de
l’innéisme, lesquels affirment que : « tout de l’être humain est donné dès sa
naissance », de l’autre côté les partisans de l’acquis (John Locke) pour qui :
« l’influence du milieu et de l’éducation influent sur ce que devient l’Homme ».
a L’innéisme :
Nous naissons avec tout le potentiel. L’âme est immortelle, elle connait par
essence le bien absolu, toutes les qualités car elle a vécu dans l’au-delà avant
d’arriver dans le corps. Il faut se débarrasser du corps pour retrouver ce que
l’âme a longtemps été, pour qu’elle rayonne et retrouve ses qualités
d’autrefois. Sartre : « L’existence précède l’essence »
b L’empirisme
La connaissance est acquise avec l’expérience, elle n’est pas donnée
d’emblée à la naissance, elle est un processus. Nous n’avons pas une nature
donnée d’avance, nous acquérons notre nature au fur et à mesure, le chemin
se fait en marchant, et c’est en marchant que nous acquérons notre essence. Il
n’y a pas de prédisposition. Tout dépend du chemin emprunté.
Itard prend position pour les partisans de l’acquis et pense que l’éducation
peut donner à l’Homme la forme qu’il veut car, estime-t-il : « L’homme n’est
que ce qu’on le fait devenir / être ». Nous sommes tous des produits de nos
parents, de nos enseignants… Dans ce contexte, une occasion impensable se
présenta à Itard : en effet en 1797, dans l’Aveyron, il court un bruit qu’un
enfant « débile » abandonné par ses parents vit dans les bois dans un état
sauvage. L’enfant est nu, seul, mange tout ce qui est sauvage et a pour amis
des animaux. En 1799, l’enfant est capturé par des chasseurs mais parvient à
s’enfuir. En 1800, il entre dans une boutique du village Saint-Sermin pour
demander à manger, il est re-capturé. On le lave, on le soigne, on le nourrit
puis on l’envoie à Paris où il est placé à l’institut de sourds-muets où travaille
, Itard. Le directeur de l’institut, le professeur Pinel, doit poser le diagnostic de
l’enfant : il le place parmi les enfants atteints d’idiotisme et de démence, et n’a
pas l’espoir d’un quelconque avenir pour lui. Itard est informé de cette
situation, il refuse l’avis de son professeur et croit en la possibilité d’éduquer
cet enfant, il le nomme Victor. Itard pense qu’il peut lui donner accès au
langage, à la culture, il est déterminé à éduquer cet enfant sauvage. Il pose son
principe fondamental : la confiance absolue en l’éducabilité de l’autre. Le
problème, et ce malgré la détermination d’Itard et toutes les méthodes et
techniques mises en place pour éduquer Victor, est que, 6 ans après, il
échouera à ce projet, Victor mourra à 40 ans sans avoir jamais parlé.
C Le principe d’éducation pour Itard
Itard a formulé 5 principes fondamentaux, les « vues » pour penser
l’éducation :
- Première vue : l’attacher à la vie sociale en la lui rendant plus douce
que celle qu’il menait alors dans la forêt, et surtout plus analogue à la vie
qu’il venait de quitter
- Deuxième vue : réveiller la sensibilité nerveuse de l’enfant par les
stimulants les plus énergiques, et par les vives affections de l’âme. Pour
Philippe Meirieu, ce principe met en exergue deux principes
contradictoires, celui de la continuité, selon lequel un progrès n’est
effectué qu’à travers une expérience précédente et s’enracine ainsi dans
ce qu’était intérieurement la personne, et celui de la rupture, selon lequel
l’éducateur doit introduire des stimulations spécifiques en fonction de ses
projets propres et pour permettre au sujet d’aller beaucoup plus vite dans
sa démarche.
- Troisième vue : étendre la sphère de ses besoins nouveaux en
étudiant ses rapports avec les êtres environnants. Dans toute formation
pédagogique il ne faut jamais oublier le milieu dans lequel l’enfant est.
- Quatrième vue : conduire l’enfant à un usage de la parole en
déterminant l’exercice de l’imitation par la loi impérieuse de la nécessité,
c’est-à-dire créer des conditions à ce que Victor n’ait pas d’autre choix
que celui d’utiliser la parole. Devant un fait accompli on est obligés de
faire certaines choses : il pousse Victor dans ses retranchements.
Ces troisième et quatrième principes posent pour Philippe Meirieu deux
exigences contradictoires que l’éducateur doit réussir à lier, celle de la
sollicitation qui impose de mettre le sujet dans des situations diverses et
complexes susceptibles de solliciter son attention, de mobiliser son intérêt et
celle d’émergence selon laquelle l’éducateur doit faire apparaitre à l’occasion
de ces situations le savoir et savoir-faire qu’il doit faire acquérir.
A Qui est Itard ?
Itard est un médecin français qui en 1796 se fixe au Val de Grace à Paris. Il
découvre à l’institut de sourds-muets dirigé par l’abbé Sicard des enfants
sourds-muets dont certains sont confinés dans une vie presque végétative. Il
s’intéresse de près à ces enfants au bord de la société.
B Contexte d’émergence de la pensée d’Itard
Il est important de garder à l’esprit qu’à l’époque où Itard exerce ses
fonctions, intellectuellement un débat vif divise d’un côté les partisans de
l’innéisme, lesquels affirment que : « tout de l’être humain est donné dès sa
naissance », de l’autre côté les partisans de l’acquis (John Locke) pour qui :
« l’influence du milieu et de l’éducation influent sur ce que devient l’Homme ».
a L’innéisme :
Nous naissons avec tout le potentiel. L’âme est immortelle, elle connait par
essence le bien absolu, toutes les qualités car elle a vécu dans l’au-delà avant
d’arriver dans le corps. Il faut se débarrasser du corps pour retrouver ce que
l’âme a longtemps été, pour qu’elle rayonne et retrouve ses qualités
d’autrefois. Sartre : « L’existence précède l’essence »
b L’empirisme
La connaissance est acquise avec l’expérience, elle n’est pas donnée
d’emblée à la naissance, elle est un processus. Nous n’avons pas une nature
donnée d’avance, nous acquérons notre nature au fur et à mesure, le chemin
se fait en marchant, et c’est en marchant que nous acquérons notre essence. Il
n’y a pas de prédisposition. Tout dépend du chemin emprunté.
Itard prend position pour les partisans de l’acquis et pense que l’éducation
peut donner à l’Homme la forme qu’il veut car, estime-t-il : « L’homme n’est
que ce qu’on le fait devenir / être ». Nous sommes tous des produits de nos
parents, de nos enseignants… Dans ce contexte, une occasion impensable se
présenta à Itard : en effet en 1797, dans l’Aveyron, il court un bruit qu’un
enfant « débile » abandonné par ses parents vit dans les bois dans un état
sauvage. L’enfant est nu, seul, mange tout ce qui est sauvage et a pour amis
des animaux. En 1799, l’enfant est capturé par des chasseurs mais parvient à
s’enfuir. En 1800, il entre dans une boutique du village Saint-Sermin pour
demander à manger, il est re-capturé. On le lave, on le soigne, on le nourrit
puis on l’envoie à Paris où il est placé à l’institut de sourds-muets où travaille
, Itard. Le directeur de l’institut, le professeur Pinel, doit poser le diagnostic de
l’enfant : il le place parmi les enfants atteints d’idiotisme et de démence, et n’a
pas l’espoir d’un quelconque avenir pour lui. Itard est informé de cette
situation, il refuse l’avis de son professeur et croit en la possibilité d’éduquer
cet enfant, il le nomme Victor. Itard pense qu’il peut lui donner accès au
langage, à la culture, il est déterminé à éduquer cet enfant sauvage. Il pose son
principe fondamental : la confiance absolue en l’éducabilité de l’autre. Le
problème, et ce malgré la détermination d’Itard et toutes les méthodes et
techniques mises en place pour éduquer Victor, est que, 6 ans après, il
échouera à ce projet, Victor mourra à 40 ans sans avoir jamais parlé.
C Le principe d’éducation pour Itard
Itard a formulé 5 principes fondamentaux, les « vues » pour penser
l’éducation :
- Première vue : l’attacher à la vie sociale en la lui rendant plus douce
que celle qu’il menait alors dans la forêt, et surtout plus analogue à la vie
qu’il venait de quitter
- Deuxième vue : réveiller la sensibilité nerveuse de l’enfant par les
stimulants les plus énergiques, et par les vives affections de l’âme. Pour
Philippe Meirieu, ce principe met en exergue deux principes
contradictoires, celui de la continuité, selon lequel un progrès n’est
effectué qu’à travers une expérience précédente et s’enracine ainsi dans
ce qu’était intérieurement la personne, et celui de la rupture, selon lequel
l’éducateur doit introduire des stimulations spécifiques en fonction de ses
projets propres et pour permettre au sujet d’aller beaucoup plus vite dans
sa démarche.
- Troisième vue : étendre la sphère de ses besoins nouveaux en
étudiant ses rapports avec les êtres environnants. Dans toute formation
pédagogique il ne faut jamais oublier le milieu dans lequel l’enfant est.
- Quatrième vue : conduire l’enfant à un usage de la parole en
déterminant l’exercice de l’imitation par la loi impérieuse de la nécessité,
c’est-à-dire créer des conditions à ce que Victor n’ait pas d’autre choix
que celui d’utiliser la parole. Devant un fait accompli on est obligés de
faire certaines choses : il pousse Victor dans ses retranchements.
Ces troisième et quatrième principes posent pour Philippe Meirieu deux
exigences contradictoires que l’éducateur doit réussir à lier, celle de la
sollicitation qui impose de mettre le sujet dans des situations diverses et
complexes susceptibles de solliciter son attention, de mobiliser son intérêt et
celle d’émergence selon laquelle l’éducateur doit faire apparaitre à l’occasion
de ces situations le savoir et savoir-faire qu’il doit faire acquérir.
